Fagus sylvatica : un de nos plus grands arbres... à protéger
par Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)il y a 7 ans5 min de lecture
À l'heure du changement climatique, les hêtraies de plaine métropolitaines sont considérées comme des habitats naturels « quasi menacés », selon la cotation de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
Le hêtre est une sentinelle du changement climatique : il a besoin d'humidité estivale et de températures modérées.
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Le hêtre atteint 30 m de hauteur, parfois 45 m, et 2 m de diamètre. Il dépasse rarement deux ou trois siècles. Il porte des bourgeons longs et pointus et des fruits trigones nutritifs, les faînes, consommées et transportées par de nombreux animaux. Les feuilles ovales entières, plutôt petites, sont bordées de soies quand elles sont jeunes. Elles prennent une belle couleur jaune à l'automne, demeurent marcescentes et cuivrées durant tout l'hiver sur les sujets jeunes ou vigoureux. Le tronc couvert d'une écorce lisse, grise et fine, a souvent l'apparence d'un cylindre parfait. La couronne est portée basse ou très haute, suivant l'ambiance lumineuse. Cette espèce sciaphile des vieilles forêts exige une lumière tamisée au stade de la plantule (20 à 40 % de lumière relative), optimisant son développement par un éclairement croissant au fur et à mesure qu'elle vieillit. Avec des racines peu profondes mais denses et ramifiées, c'est un grand consommateur d'eau, exigeant une bonne pluviosité (600 ou 750 mm/an minimum), surtout d'avril à septembre, pouvant être en partie compensée par des brouillards fréquents ou une hygrométrie élevée (optimum de 85 %). Il redoute les sols compacts ou engorgés. Planté ou cultivé, il se révèle surtout délicat en plaine, au sud de la Loire. Un sol poreux, même pierreux ou caillouteux, et une exposition froide aident alors à l'obtention d'un bilan hydrique positif.
Un recul historique annoncé
En Europe, cette essence aux multiples usages a perdu beaucoup de ses stations originelles. Elle demeure commune au nord de la Loire et dans les montagnes. À travers les siècles, les défrichements dans le nord, l'enrésinement et les coupes forestières à blanc dans le sud ont signé sa disparition. Il en résulte une perte de diversité génétique. Le changement climatique menace les hêtraies et pèse sur la dynamique de l'espèce. Certains modèles estiment probables une régression de moitié de son aire actuelle d'occupation spontanée au cours des prochaines décennies. Dans le sud, planter en sol profond et à l'ombre, avec un bon confort hydrique estival. Dans le nord, le hêtre peut même être employé en haie taillée.
Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)
(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.